Série // 2015 – 2017
La côte Normande au Nord de Caen est le littoral que j’ai toujours connu. De l’enfance à l’age adulte, elle a façonné une part de mon identité, discrètement, jusque dans le centre de la grande ville du pays balayée par le vent rempli d’iode et du cri des goélands.
Un mot tourné dans la bouche des milliers de fois perd de son sens, comme parfois un paysage trop arpenté.
Pourtant, cette banalité apparente raconte le territoire et son identité, son histoire.
Joueurs fébriles des Casinos Barrière et machines à sous, fête foraine, sueur des pêcheurs et saisonnières. Bruits des Scooters. Ballet des SUV. Milieux populaires et poètes fauché.e.s. Campings, mobile-homes, quartiers privés de retraités argentés, résidences de villégiature et caniches toilettés. Résidences secondaires et manoirs de familles bourgeoises.
Embruns mêlés de crème solaire, effluves de chichis, odeur des marchés aux poissons, été indien tiède, lumières douces des soirées naissantes d’arrières saisons, fraîcheur marine de l’hiver qui fouette les visages sur les plages désolées.
Marge. Naturistes. Feux de camps sauvages cachés dans les dunes, canettes, stupéfiants, guitares et clichés d’adolescents. Enceintes Bluetooth. Réfugiés. véhicules de police toujours plus nombreux.
L’histoire de ces plages, c’est aussi celle de la guerre, du débarquement, des commémorations et des visites de chefs d’états.
Entre Caen et Ouistreham il n’y a que 16,3 km en voiture, 15, km en vélo et 14,7 km à pied. Il suffit donc d’environ 15 minutes, approximativement 40 minutes ou encore de quelques 3 heures pour rejoindre ces plages qui sont les plus proches de Caen. Bien sur, en hélicoptère la distance se réduit encore à 13 km. Entre Ouistreham et l’Angleterre, ou plutôt Portsmouth précisément, il y a 187 km.
En embarquant sur un ferry, on traverse ici la manche en 5 heures et 45 minutes.
Camouflés dans ce paysage, traquées, des personnes tentent de survivre et de rejoindre les terres au large.